Mon vieux pot, c’est mon vieux site avec Humphrey et compagnie. Je n’écris plus depuis longtemps, tant je suis perdu dans mes marasmes débordants. Pas fini de payer pour la catastrophe que fût mon trop long passage dans l’éducation nationale.
Avant l’éducation nationale, j’avais des envies, des rêves. Aujourd’hui encore un peu, mais ils s’effondrent chaque jour encore un peu plus. Je force le trait, mais ils fondent à vue d’œil. Du mien, en tout cas. Je n’ai plus l’énergie qui me suffisait avant à tenir le coup. Normal, ils m’ont tout pompé, les bougres. Je ne sais pas si vous lirez ce billet (jadis, mes inspecteurs et chefs de tout poil prenaient plaisir à suivre mon actualité pour être certains que je ne déborde pas sur l’autorisé), mais sachez que je vous en veux toujours encore un peu (beaucoup et il y a de quoi). Vous avez ruiné mon avenir professionnel, ma confiance en moi, mes envies. Avant vous, je faisais plein de trucs et je n’avais pas peur.
Faut dire que l’éducation nationale, sans majuscules, évidemment, m’a bien fait sauter le pied (allez savoir ce que ça peut bien vouloir dire, mais vous trouverez). On prône l’inclusion, mais on est incapable de reconnaître chez les professeurs ce qu’on est déjà incapables de reconnaître chez les élèves. Ça paraît tout à fait logique dit comme ça, mais ça ne l’est pas. Car ça, moi je le sais. Mais pas eux.
Suis un type un peu spécial, voyez-vous. Et ça, l’EN (tiens j’ai finalement mis des majuscules), ils n’aiment pas trop. Pas que l’EN, d’ailleurs ; Me suis fait gronder pas des parents, par le maire de Lohuec il y a une dizaine d’années parce qu j’avais eu le toupet de faire ma sieste dans la classe pendant que les élèves étaient à la cantine.
Vous vous rendez compte ? La sieste.
J’étais un délinquant à l’époque. Je suis entré dans le rang et j’ai perdu une sacrée quantité de plumes. À l’époque je découvrais les histoires de HPI et tout, me disant que maintenant que je le savais (j’ai fait un vrai test et tout, pas comme à la télé) j’arriverais bien à m’adapter. La bonne blague. Monsieur l’inspecteur et son équipe sont bien malins que ça. Car c’était sans compter sur mon TDAH (dont j’ignorais évidemment tout, sinon c’était pas drôle) qui faisait de moi un indésiré et un potentiel TSA (pour rendre ça encore plus drôle) pour me rendre encore plus indésirable (je vous ai dit que ce qui avait acté mon burn out (que j’ai écrit "brun" , mais peut-être bien parce qu’il faut être un peu fasciste pour faire bosser des gens jusqu’au burn out tout en prétendant être bienveillants) c’était un mignon malentendu qui avait fait de moi une inquiétante et pénible mule ?). J’ai même cru que j’étais dyslexique à un moment (mais non, c’était bien le TDAH et autres tuyaux tordus pour lesquels j’attends l’avis du plombier).
Même si tout ça ou ce potentiel ça avait été reconnu à l’époque, nul doute que j’aurais été mieux accueilli, mieux perçu. Mais bon sang, ça fait bien mal au cul de se dire qu’il faut une carte d’handicapé pour faire entendre qu’on n’est juste pas câblés pareil.
Reste que je doute beaucoup de moi en ce mercredi 16 août 2023.
Je pleure encore Hécate. J’ai du mal à terminer les travaux pour lesquel j’ai été payé ou suis censé être payé. La banque ne m’aime pas. J’ai oublié le pôle emploi (c’est con, à deux minutes près). Les organismes de formation m’oublient. Mes deux écrans 27 pouces sont à l’article de la mort (et moi pareil si ça continue). Le monde est violent, sexiste, absurde, mieux que moi, merveilleux, vantard et affligeant. Je n’ai pas eu d’adolescence et je découvre ce que c’est avec l’ado de la maison. Et c’est pas simple, parce qu’il faut porter ça en plus. Et porter la culpabilité de ne pas être disponible, de ne pas réussir à gagner quelques ronds.
Je ne peux plus me payer de LEGO et c’est très dur à vivre.
Je ne sais pas si je suis un bon compositeur. Je culpabilise de ne pas réussir à faire ce qu’il faudrait. Je ne veux pas aller dans une usine, me confronter à des gens qui sauront toujours mieux que moi ce qu’il faut faire, qui m’infantiliseront. Parce que je suis comme ça. J’ai cette maladresse qui donne l’impression que je suis toujours un peu perdu, même quand je ne le suis pas. Dans mon monde, je me retrouve très bien, tout est à ta sa place.
Je suis quand même content d’avoir réussi à écrire quelque chose ce soir. Ce n’est pas de la littérature, ce n’est pas drôle, ça ne parle pas d’Humphrey. J’espère qu’il ne m’en voudra pas (même si je sais très bien qu’il me le fera payer très cher, je le connais comme si je l’avais fait). J’aimerais écrire plus, parce que ça fait du bien. Composer plus, parce que c’est ma vie. M’en vouloir moins, parce que ça ne sert à rien.
Tout ça pour dire, qu’on pourrait bien remettre les carottes sur la table avant la fin du déluge.
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